Origine des villages, hameaux et moulins de Beauce

Moulin à vent, manuscrit flamand, 1340

Nombre de villages beaucerons sont déjà mentionnés entre le XIIème et le XIVème siècle. Ainsi Sancheville apparaît pour la première fois dans un chapitre de l'abbaye de Thiron en 1208 et passe par de nombreuses orthographes avant de connaître son nom définitif. La même source nous indique que le hameau de Domarville est lui aussi un ancien fief qui dépendait de la châtellenie de Pierre-Coupe relevant elle-même de la baronnie d'Alluyes où elle siégeait :

Le fief de Dommarville apparaît aussi dans un procès-verbal de saisie du marquisat et baronnie d'Alluyes opérée en 1717 :
Le fief de Dommarville, contenant cinq muids et demi de domaine. [Mémoires de la Société Archéologique d'Eure-et-Loir - Tome V, Chartres - Petrot-Garnier, 1872]

Les documents les plus anciens ne font donc pas état de la présence de moulins, on sait cependant que des moulins à vent commence à s'implanter dès le XIVème siècle :
Le moulin s'est installé autour de Paris vers la fin du XIIIème siècle et sur les buttes proches vers 1300 et la première moitié du XIVème (A-M. Bautier). Le moulin beauceron est sans doute le témoin de ces moulins anciens nettement plus tardifs que les moulins flamands. (Le moulin et le meunier, Tome I, Claude Rivals, Empreinte Editions)

Le moulin de Frouville ou du Pensier à Ozoir-le-Breuil à une vingtaine de kilomètres de Sancheville daterait quant à lui de 1214. Ainsi, si rien ne permet de l'affirmer on ne peut toutefois exclure la possibilité de leur présence bien avant le XVIIème siècle qui nous a laissé les premières preuves écrites de leur existence à Sancheville et à Dommarville.

Paysage au moulin à vent, Jan Bruegel l'ancien, vers 1600

La noblesse

Bercis, village où il y avait une maison seigneuriale dont les propriétaires prenaient la qualité de seigneurs de Chanceville, où ils avaient obtenus la haute-justice. La seigneurie de Bercis à été possédée et ce lieu habité par les de Saint-Martin, seigneurs de Heurtebise, en 1500, ensuite par les de La Fontaine, puis de Challet, jusque dans ce siècle. Elle appartient aujourd'hui au comte de Vassé, seigneur de La Folie-Herbault et d'Eguilly. (Histoire du comté de Dunois, Abbé Bordas, Imprimerie Lecesne, Chateaudun, 1850)

Au XVIIème siècle, les seigneurs de Dommarville, propriétaires hypothétiques du moulin surgissent sporadiquement dans les archives :

Paroisse de La Croix-du-Perche 1601-1730
Le 12 juillet 1649, a esté baptisé François, fils de Urbain de Challet, escuyer, sieur de Dommarville et de La Ruisaudière, et de damoyselle Catherine Poullin, ses père et mère. Le parrain François de Piperel, escuyer, sieur des Rocques, la marraine damoyselle Marie de Lamiré, espouse dudit sieur.
Signé : Marie de Lamiré, Françoys de Piperel, A. Mauger, Urbain de Challet.
Le samedy 22 juin 1670, j'ai donné la bénédiction nuptiale à Charles de Challet, escuyer, seigneur dudit lieu, fils de Urbain du Challet, sieur de Dommarville, et de feue damoiselle Catherine Poulain, et à damoiselle Louise Hays, veuve de de feu maistre Jean Chauveau, lieutenant de la Croix du Perche.
Signé : Louise Hées, François de Challet, Phillebert Charle de Bouju du Bourdessus, Pierre de Lamiré, J. Magdeleine.


Liste des nobles de l'élection du Dunois en 1668
17. - Guillaume Chaslet, sr de Bercis, et Leonnard Chaslet, sr de Chanceville (Sancheville) ; 16 avril 1567.
1564-1721 ; VI, 60. - Arm. : d'azur à trois chevrons d'argent accompagnés de trois étoiles d'or.
63. - Urbain de Challet, sr de Dommarville (Sancheville) ; 20 aoust 1667.

[Bulletins de la Société Dunoise, Tome IV (1881-1884), Châteaudun - Pouiller-Vaudecraine et Dieudonné, 1885]

Actes notariés et procès

Moulin à vent, Planche I, encyclopédie Diderot et d'Alembert

A partir du XVIIème siècle, quelques actes de la série E (seigneuries, familles, notaires, état civil) des archives départementales antérieures à 1790 font référence au nom ou au moulin de Dommarville :


Puis au XVIIIème siècle, le moulin de Dommarville apparait par deux fois dans la série B (cours et juridictions) des mêmes archives :

Prévôté de Sancheville
B. 483. (Liasse.) - 126 pièces, papier., 1725-1789
- Saisie du moulin de Dommerville à la requête de Louis-François Parfait de Villereau, seigneur de Coubehaye.
B. 498. (Liasse.) - 7 cahiers in 4°, papier, 279 feuillets., 1727-1736
- Saisie féodale du fief et seigneurie de Dommarville à la requête de Marie-Catherine Bouvard, femme de Paul-Auguste Belet, seigneur de Jamasse.
[Inventaire-Sommaire des Archives Départementales antérieures à 1790 - Eure-et-Loir. - Archives Civiles. - Séries A à D. - Tome Premier., M. L. Merlet, Chartres - Garnier, 1863]

où la transcription de la grosse datée du 8 juin 1735, condamnant lourdement le meunier de Dommarville, Léger Gaurier, au profit de Louis-François Parfait de Villereau, seigneur de Moronville, Coubehaye, Ménainville et autres lieux fait état des relations conflictuelles entre meuniers et nobles.

Les meuniers

Meuniers et moulins, Jean Stradan, 1523 - 1605

Les registres paroissiaux où sont écrits les actes de baptêmes, mariages, et sépultures peuvent être d'une aide très utile pour reconstituer l'occupation des moulins d'une paroisse. En effet, il est parfois fait mention des professions dans les actes. Cette pratique est loin d'être une habitude, le soin et la qualité des informations apportées dans la transcription des actes dépendent beaucoup de l'époque, de la paroisse, et surtout du bon vouloir du curé et de ses subordonnés chargés des écritures, comme en témoigne l'inscription faite sur le double du registre de 1688 remis au baillage :

La négligence à écrire les actes aussitôt après l'adminisration des sacrements nous donne aujourd'hui plus de peine que Mr Mothereau (le curé de Sancheville) et les autres n'en auraient eue en les écrivant. Pour nous.

Pour ce qui est de Sancheville, la profession des paroissiens nommés dans les actes comme parent ou témoin commence à être mentionnée à partir de 1680. Elle n'est malheureusement pas précisée de manière continue mais permet tout de même d'attester de l'existence des moulins aux dates mentionnées, et de reconstituer en partie la succession des meuniers dans ceux-ci.

A partir de la liste chronologique des actes faisant référence à un meunier relevé dans les registres de la paroisse de Sancheville de 1674 à 1792 il est possible d'établir la succession des meuniers de Dommarville :

et de ceux du Paradis :

La présence d'autres meuniers à Sancheville est souvent difficile à attribuer à tel ou tel moulin :

Les derniers temps

En Beauce. - Un moulin à vent (non determiné) Bazoches-en-Dunois. - Le moulin