Ancienne carte de "Beausse"

Ancienne carte de Beauce

Comme le clocher du village, le moulin constitue un point de repère remarquable qui a été exploité assez rapidement sur les cartes. Cependant, les premières cartes sont loin d'avoir une échelle suffisante pour que le cartographe puisse y faire distinguer ce genre de détail. Les relevés ne sont pas à proprement parler topographiques et sont assez approximatifs. Les cartes sont victimes de déformations bien visibles en comparaison des tracés modernes. L'exemple suivant, une reproduction d'une carte titrée "Belsia vulgo la Beausse" du cartographe Willem Jansz (1571-1638) édité en 1635 à Amsterdam est assez représentatif.

On remarque tout d'abord que la carte n'est pas orientée du Nord au Sud mais de l'Ouest à l'Est. Elle s'étend de Paris à Blois. L'échelle est donc assez peu précise. On se rendra facilement compte de l'imprécision de la carte en constatant par exemple que Villiers-Saint-Orien (Sainte-Christine) est sur le même méridien que Bonneval, ou encore que Châteaudun se situe légèrement à l'Ouest de Brou. Bien que l'orthographe des lieux ait changé, on reconnaît sans peine le nom des villages inscrits sur la carte. Il y a tout de même quelques exceptions, comme dans le cas qui nous intéresse : Sancheville se nommait alors Chanceville. Mais ce qui est édifiant à regarder la carte dans son ensemble, c'est finalement le peu de changement qu'on peut y voir. La beauce était déjà une grande plaine défrichée bordée de régions plus boisées et peuplée des mêmes villages que l'on connaît aujourd'hui.

Cartes de Cassini

Carte de Cassini No 27

A partir de 1747 une cartographie complète de la France est entreprise par Cassini de Thury (1714-1784). Les relevés sont effectués par triangulation et assure un positionnement exact des lieux. La précision de la carte est remarquable, aussi bien en ce qui concerne la position que les détails qui y figurent. Châteaux, parcs, villages, hameaux, habitations isolées y sont tous répertoriés, sans exception, ainsi que les moulins. Le détail de la légende permet même de différencier les moulins tours des moulins pivots !

Le village de "Sancheville ou Chanseville" est visible sur le bord Sud de la carte No 27 éditée en 1759-1760. Le cercle qui entoure le symbole de l'agglomération le signale comme un village d'importance comparable à Voves. La carte contient très peu d'erreur, mais on peut cependant en remarquer une sur la commune de Sancheville : les hameaux de Bercis et de Boissais ont vraisemblablement été mis l'un à la place de l'autre. Le moulin pivot du Paradis y figure en bonne place, alors que le moulin Sainte-Marie y est absent, ce qui nous indique que sa construction s'est faite ultérieurement.

Carte de Cassini No 28

Le hameau de Dommarville, ainsi que son moulin sont quant à eux visibles sur la limite nord de la carte No 28 éditée en 1757. Le moulin y figure au bon endroit, seul et en retrait entre Dommarville et Acclainville. L'observation des cartes de Cassini est donc riche de renseignements. Elles nous confirme l'existence du moulin du Paradis avant 1759, nous indique la présence d'un moulin à Dommarville avant 1757, et démontre que la construction du moulin Saint-Marie est postérieure à 1760. Un regard plus général sur les cartes montre que la beauce était alors couverte de moulins. Chaque clocher est accompagné d'un ou plusieurs moulins comme c'est le cas à Sancheville ou à Neuvy. Et l'on sait qu'ils se multiplieront encore après la révolution et l'abolition des banalités...

Cadastre napoléonien

Tableau d'assemblage du cadastre napoléonien de Sancheville

Ordonné en 1807 sous le règne de Napoléon 1er, le cadastre ne sera en fait executé que bien plus tard. En Eure-et-Loir, sa mise en oeuvre s'étend de 1808 à 1839, et pour ce qui est de la commune de Sancheville, les relevés sont effectués en 1831. Les moulins comme tout autre bâtiment y sont répertoriés, et il est même possible de différencier les moulins tours des moulins pivots car l'aire de développement de la queue de ces derniers est tracé sur le plan cadastral. Bien que n'ayant pas vocation de carte, le cadastre nous renseigne plus précisément que celles-ci.

Les trois moulins de Sancheville sont visibles sur le tableau d'assemblage des sections du cadastre. Un examen plus attentif montre qu'à cette époque seul le moulin de Dommarville disposait de bâtiments connexes, une maison et une grange qui subsistent aujourd'hui, ainsi qu'un troisième bâtiment qui a disparu. Le meunier de Dommarville demeurait donc près de son moulin, alors que ceux du Paradis ou de Sainte-Marie vivait dans le bourg de Sancheville. Les plans des différentes sections sur lesquelles se trouvent les moulins apportent quelques détails supplémentaires comme la présence de deux puits sur le site du moulin de Dommarville, fait tout à fait inhabituel, mais aussi que le moulin Sainte-Marie est construit sur des terres appelées "Le Moulin Paschal" autrement dit "Le Moulin Pascal". Est-ce là l'ancien nom du moulin Sainte-Marie ou le nom d'un ancien moulin disparu bien avant sa construction ? Le moulin du Paradis était tout aussi seul au milieu de son Paradis.

Carte d'état major

Carte d'état major de Châteaudun

Réalisée par les officiers du corps d'état-major dans la première moitié du XIXème siècle, à une échelle de 1:80.000ème, ces cartes ne sont pas moins précises que les meilleures cartes actuelles. Tous les bâtiments y figurent, ainsi que les moulins. Seul la représentation du relief sous forme de hachures - qui n'est pas vraiment un soucis en pays de Beauce - permet de les distinguer des cartes modernes. Malgré leur précision, les cartes d'état major n'apportent que peu d'informations, en effet leurs relevés ne sont postérieurs que de quelques années à ceux du cadastre, et sont donc redondants avec ceux-ci.

L'observation en détail de la carte d'état-major de Châteaudun dont les relevés datent de 1838 permet simplement de remarquer qu'un des bâtiments présents sur le cadastre du moulin de Dommarville a disparu 7 ans plus tard et que la configuration des lieux est déjà conforme à ce qu'elle est aujourd'hui. Quant aux autres moulins de Sancheville, aucune modification relative à la construction de bâtiments n'est à noter.

Carte comtemporaine

Carte comtemporaine de Sancheville

Des quelques 500 moulins qui occupaient la plaine de Beauce en 1830, il n'en reste plus qu'une quinzaine en état. L'observation de la carte de l'IGN au 1:25.000ème nous montre ce qu'il reste de la douzaine de moulins qui étaient présents sur Sancheville et les communes avoisinantes. Un unique moulin subsite, et pour seuls "vestiges" des autres, quelques lieux-dits : le moulin de Jonville à Neuvy-en-Dunois, les moulins Saint-Marie et de Dommarville à Sancheville.